Luca Toni, tout simplement

Luca Toni, tout simplement



En 2003, il avait décidé de quitter l’élite pour rejoindre la Serie B, en espérant que sa carrière prendrait un nouveau départ. Aujourd’hui, il est l’un des buteurs les plus prolifiques d’Europe. Toute l’Italie le voit déjà marquer de son empreinte la Coupe du Monde de la FIFA. Luca Toni s’est livré à FIFAworldcup.com.

C’est au cours de la saison 2003/04 que Toni prend une option pour Allemagne 2006. Alors âgé de vingt-six ans, il vient de signer à Palerme. Rejoignant la Serie B après un passage à Brescia au sein de l’élite, l’attaquant émilien inscrit 30 buts en 43 rencontres de championnat. Au mois d’août 2004, Marcello Lippi, étrennant ses nouveaux galons de sélectionneur, le convoque et le fait débuter contre l’Islande à Reykjavik, dans un match que l’Italie perdra 2-0.

Rendez-vous sur la page de l'Italie

Après un premier but en azzurro en phase éliminatoire de la Coupe du Monde de la FIFA, dans son jardin de Palerme, contre la Norvège, il inscrit 20 buts en 35 rencontres de Serie A avec l’équipe sicilienne. Une réussite qui se transformera en exploit, cette saison, avec la Fiorentina : 28 réalisations en 36 parties, à deux journées de la fin.

Meilleur buteur de Serie A, recordman absolu de buts marqués en une saison sous le maillot viola, avant-centre titulaire de la Squadra Azzurra, réalisateur en match amical contre les Pays-Bas, à Amsterdam, et contre l’Allemagne, à Florence : le Luca Toni nouveau est arrivé.

En Italie, on lui cherche un surnom, mais on ne trouve pas. Peut-être parce que son prénom et son nom sont faits de sons simples et peuvent se prononcer d’un trait, comme s’il ne faisaient qu’un : Lu-ca-To-ni. Quatre syllabes qui sont devenues familières pour les amoureux du football italien, qui espèrent les entendre encore plus souvent d’ici à quelques semaines.

Vous arrivez à la Coupe du Monde de la FIFA sans véritable expérience internationale, mises à part vos 16 sélections et six buts sous le maillot italien ces deux dernières années. Avec quel état d’esprit abordez-vous cette aventure ?
C’est vrai, je n’ai jamais pris part à une coupe d’Europe(seulement quelques minutes dans une finale de la Coupe Intertoto, lors d'un match Brescia - PSG). A 29 ans, ce sera ma première participation à un grand événement international. Je suis partagé entre la curiosité de participer à une aventure aussi fantastique et la volonté de bien faire. En tous cas, je vis cette attente avec la sérénité qui me caractérise.



Antonio Cabrini a expliqué comment une première Coupe du Monde de la FIFA peut se révéler délicate. En 1978, en Argentine, l'Italie était très forte et elle s'était fait sortir en quarts de finale. En 1982, l'équipe était plus chevronnée, ce qui lui a permis de s'imposer. Votre manque d'expérience en Coupe du Monde de la FIFA pourrait-il constituer un handicap pour vous ?
Pas du tout. Je ne vais pas en Allemagne pour avoir des états d’âme. Je jouerai pour gagner et je m’en tiendrai là. J’ai la chance d’être entouré de champions d’expérience, dont certains en sont à leur troisième Coupe du Monde. Ils sauront m’épauler le moment venu.

Au cours de votre carrière, avez-vous noté une grande différence entre les matches de championnat et les rencontres internationales ?
Le football reste le football, quel que soit le niveau ou la catégorie. A la Coupe du Monde, je m’attends à une tension émotionnelle plus forte et à un niveau de jeu plus élevé. C’est seulement après avoir fait l’expérience de multiples sélections qu’on peut aborder une telle compétition.

Plus personnellement, en quoi votre jeu en club diffère-t-il de celui que vous pratiquez en équipe nationale ?
Le coach (Cesare Prandelli) me demande des choses légèrement différentes de celles qu’exigeait, par exemple, (Francesco) Guidolin l’année dernière. En bref, mes tâches varient selon que je joue seul en pointe ou flanqué d’un partenaire, comme ce fut le cas cette année avec "Pazzo" (Giampaolo Pazzini) ou (Valeri) Bojinov. Dans le second cas, il faut se sacrifier pour aider le milieu et préserver l'homogénéité de l'équipe. Avec la Squadra, ce souci d'équilibre est moins présent…

On se trompe donc si on pense que l’Italie restera attachée à sa tradition défensive…
Certainement. Avec Lippi, le raisonnement n’est plus le même. Regardez : nous avons passé trois buts aux Hollandais chez eux et quatre à l’Allemagne à Florence ! Une des configurations retenues prévoit deux pointes, un créateur (Totti ou Del Piero) et un joueur résolument offensif, comme Camoranesi, sur le côté. (peu différente, en fait, du quatuor Antognoni-Conti-Graziani-Rossi de l’équipe championne du monde en 1982)



Quelle image de vous donneriez-vous aux passionnés du monde entier qui vous connaissent encore peu ?
Je suis un attaquant qui rappelle un peu Zlatan Ibrahimovic, mais je suis plus un joueur de surface, même s’il m’arrive aussi d’explorer tout le front de l’attaque. Aujourd’hui, plus que par le passé, il est important de s’imposer physiquement à l’adversaire, sans pour autant laisser la technique de côté.

Nos lecteurs vous voient favori, avec l’Américain Landon Donovan, pour le titre de meilleur buteur du Groupe E. Objectivement, qui voyez-vous comme rivaux potentiels parmi les buteurs ?
Les grands attaquants ne manquent pas. Henry, par exemple, est au sommet de son art et il est très difficile à contenir. Je citerai également l’Ivoirien Drogba, contre lequel j’ai joué et qui m’a beaucoup impressionné.

Une équipe qui peut créer la surprise ?
La République Tchèque de mon coéquipier et ami Tomas Ujfalusi. J’espère que nous passerons tous les deux le premier tour.

Parlez-nous justement d’Ujfalusi, votre possible adversaire direct à Hambourg…
J’apprécie beaucoup "Ufo". Avant d’arriver à Florence, je ne le connaissais pas. J’ai découvert un joueur accompli. Il peut évoluer aussi bien au centre de la défense que sur le flanc. Il est batailleur et infatigable, pour le plus grand bonheur de la Fiorentina, même si ça risque d’être à notre détriment en Coupe du Monde.

Qu’allez-vous emmener dans vos bagages pour passer le temps ?
La direction technique nationale met à notre disposition une console de jeux vidéo. Je ne suis pas un fou des jeux vidéo, mais je l’utiliserai de temps en temps. On verra : certains joueront aux cartes, d’autres aux jeux vidéo, d’autres encore discuteront le coup. Nous formons un bon groupe. On est bien ensemble. On l’a tous ressenti lors des derniers rassemblements. Les équipes favorites se tiennent de si près que c’est l’union du groupe qui fera la différence, vous verrez.

Qui sera votre camarade de chambre ?
Je ne le sais pas encore. Ces derniers temps, c’était Cristian Zaccardo. Il est de Modène, comme moi. Vu qu’on était partenaires à Palerme, on s’est mis tout naturellement ensemble.

Palerme, pour en revenir à l’équipe nationale, ça rappelle un but important…
On avait perdu en Islande en match amical, le jour de mon baptême du feu et de la première sortie du sélectionneur Lippi. La victoire à Palerme a fait taire les critiques et nous a mis sur les rails pour l’Allemagne. Je suis entré à la 76ème et, à la 80ème, j'ai marqué le but décisif du 2-1, chez moi, dans mon jardin. On ne peut pas rêver mieux !



Que pensez-vous d’une éventuelle sélection de Pasqual ? Vous semblez vous trouver les yeux fermés tous les deux. La plupart de vos buts partent de ses centres…
Pasqual est un très bon joueur. Il a un très bon pied gauche. On lui a demandé de rejoindre le groupe récemment et ça me ferait plaisir qu’il soit du voyage. Sur son côté, il y a aussi Fabio Grosso, avec qui j’ai joué à Palerme. Je n’ai donc pas de souci à me faire. L’important c’est que j’y sois, moi ! Je travaille chaque jour à la réalisation de cet objectif.

En parlant de vos anciens partenaires, il nous vient à l’esprit le nom d’Andrea Barzagli. En cas d’absence des deux monstres sacrés que sont Cannavaro et Nesta, sa présence pourrait s’avérer indispensable.
Il est jeune et fort. Comme moi, il n’a pas une grande expérience du niveau international, mais c’est peut-être lui le défenseur de demain. Il n’y a pas à s’inquiéter si par malheur Fabio ou Alessandro viennent à manquer : les remplaçants seront à la hauteur. Même si les deux titulaires sont les défenseurs les plus forts que j’ai jamais rencontrés.