8e: Brésil - Ghana

Brésil - Ghana (preview)



LES CLES DU MATCH

- GHANA, LA VIE SANS ESSIEN: Face aux Etats-Unis, Michael Essien a tout de suite compris quand il a pris un carton jaune, son deuxième du mondial. Le Ghanéen a eu quelques instants de flottement comprenant qu'il ne serait pas là en huitièmes. Le coup est dur pour les Black Stars qui perdent pour affronter le Brésil, leur meilleur joueur. Si c'est toute l'équipe qui étonne depuis le début de la compétition, le joueur de Chelsea est malgré tout le régulateur du milieu de terrain. Associé à Stephen Appiah, le joueur le plus cher d'Afrique est aussi bien à la récupération qu'à l'origine des offensives ghanéennes.

Une perte énorme avoue le sélectionneur Ratomir Dujkovic. "C'est le meilleur à son poste. J'espère juste que la qualité du joueur (probablement Derek Boateng) qui le remplacera sera équivalente à 80% des capacités d'Essien. Mais je suis confiant. Nous pouvons bien jouer même sans Essien. L'esprit collectif est plus important que les individualités dans notre équipe". Carlos Alberto Parreira ne changera pas ses plans de bataille: "Le Brésil ne change pas son jeu en fonction de l'adversaire, c'est l'adversaire qui change son jeu en fonction du Brésil".

- JEU OU ANTI-JEU? Malgré la différence qui sépare le quintuple champion du monde, du novice, Brésil-Ghana est une affiche. Avec leur jeu chatoyant, porté vers l'offensive, les deux équipes proposent un jeu presque similaire qui peut en faire l'un des plus beaux matches de cette Coupe du monde. "Ils ont des caractéristiques proches des nôtres et cela va donner un très bon match", estime Ronaldinho. "Le football africain ressemble au football sud-américain et particulièrement au brésilien" , ajoute Carlos Alberto Parreira.

Mais le Ghana est aussi l'équipe qui a commis le plus de faute (76) lors de la phase de poules. "Ils n'ont plus ce côté innocent, ils connaissent le jeu, sont malins, savent appliquer une tactique, explique le sélectionneur brésilien. C'est une équipe respectable: agressive mais techniquement très bonne". Les Blacks Stars sont de vrais caméléons qui changent perpétuellement de jeu et de système selon les opportunités. Parfois, ultra-défensif, parfois très offensif, le Ghana devrait essayer de couper et ralentir le jeu au maximum pour éviter d'être asphyxié par les Brésiliens. S'ils y parviennent, ce ne sera sans doute pas le feu d'artifice attendu.

- LE CARRE ENFIN MAGIQUE? : Le forfait de Robinho oblige Carlos Alberto Parreira à rejouer avec le même système que face à la Croatie et à l'Australie, en 4-4-2 avec son carré plus laborieux que magique, Kaka-Ronaldinho-Ronaldo-Adriano. Le joueur de l'Inter n'a pourtant pas été à son avantage mais l'absence de Robinho, très bon face aux Nippons, ne laisse pas le choix au sélectionneur carioca. Il a décidé de faire du lyonnais Juninho son douzième homme mais pas un titulaire, malgré son but. Le sélectionneur du Ghana n'a pas peur du quatuor. "Je crois que nous pouvons les éliminer parce qu'ils ne s'appliquent plus autant qu'avant avec toutes ces stars".

Dans ce carré magique, tous les regards seront tournés vers Ronaldo. Après son doublé face au Japon, il Fenomeno a l'occasion de dépasser Gerd Müller et de devenir, avec 15 buts, le meilleur buteur de l'histoire de la Coupe du monde. Mais ça n'empêche pas le joueur du Real de dormir. "Je n'ai pas l'obsession d'être le meilleur buteur ou de battre des records. Je suis content d'avoir atteint ce record de 14 buts et si je le porte plus haut, je serais encore plus content mais l'objectif a toujours été de remporter la Coupe du Monde." A noter que le premier brésilien qui marquera sera l'auteur de la 200e réalisation de la Seleçao en Coupe du monde.

L'ETAT DES TROUPES

Brésil: Pas de suspendu chez la Seleçao. En revanche, Robinho est forfait. Touché à la cuisse droite, l'attaquant a subi une IRM. "Il a un oedème dans le tiers supérieur de la cuisse antérieure droite mais sans rupture de fibres", selon un communiqué de l'équipe. Robinho doit suivre un traitement physiothérapique. Il marche normalement, n'a pas de douleur et est satisfait de l'examen".

Ghana: Une absence de marque pour le Ghana, celle de sa star Michael Essien. Le joueur de Chelsea est suspendu. Les Black Stars profitent en revanche du retour de leur buteur Asamoah Gyan et de leur milieu Sulley Muntari, tous deux suspendus face aux Etats-Unis. Du côté de l'infirmerie, Razak Pimpong, blessé aux côtes face aux Etats-Unis, devrait pouvoir faire une entrée en cours de match. Le défenseur Habib Mohamed est légèrement blessé, mais Dujkovic, qui n'a pas précisé la nature de la blessure, n'était pas trop inquiet quant à sa participation.

LE GROS PLAN: Parreira et le Ghana

C'est clairement un coup du destin. Carlos Alberto Parreira retrouve en 8e la première sélection qu'il a dirigée, le Ghana. C'était il y a près de 40 ans. L'actuel sélectionneur du Brésil, alors âgé de 24 ans s'expatrie dans le cadre d'un programme d'échange en tant que préparateur physique. "C'était le début de ma carrière internationale et je me le rappelle très bien", explique-t-il. Les joueurs, mon équipe technique...je crois que je pourrais réciter leurs noms !" Au Ghana, Parreira dirige plusieurs clubs puis l'équipe nationale avec laquelle il atteint la finale de la CAN (1968, défaite 1-0 en Ethiopie contre le Zaïre).

Une finale de la Coupe d'Afrique des clubs et un championnat du Ghana plus tard, il retourne au Brésil comme préparateur physique du Vasco de Gama. Evidemment, Parreira est conscient de ne pas retrouver le même Ghana. "À l'époque, les conditions étaient difficiles. On s'entraînait et on dormait dans des tentes de l'armée !Un seul joueur était à l'étranger et c'était aux États-Unis. Aujourd'hui dans la sélection ghanéenne, il y en a que trois qui jouent au pays. Depuis, beaucoup d'entraîneurs étrangers sont passés par là-bas. Le pays s'est doté d'une structure. Le Ghana a évolué sans moi."

LA STAT: 3-0

C'est le tarif lorsqu'une équipe africaine se frotte au Brésil lors d'une phase finale de Coupe du monde. Le Zaïre en 1974, le Cameroun en 1994 et le Maroc en 1998 en ont fait l'expérience. Le Ghana est donc prévenu mais peut aussi s'appuyer sur d'autres statistiques. Lors des Jeux Olympiques, le Brésil s'est déjà fait éliminer par des équipes africaines qui sont allés au bout par la suite: le Cameroun (2000) et le Nigeria (1996). Et lors du championnat du monde des moins de 20 ans en 2001, le Brésil de Kaka, Luisao et Adriano avait buté sur le futur finaliste... le Ghana d'Essien et Muntari. Un meilleur souvenir pour les Black Stars que le 8-2 encaissé en match amical en 1996 alors que Dida faisait déjà partie de l'équipe côté Auriverde.

LA DECLA: Roberto Carlos (Brésil)

"Si le Brésil joue comme il sait le faire, il n'y aura aucun problème. Combien de titres mondiaux le Ghana a-t-il gagné? Aucun. Combien le Brésil en a-t-il gagné? C'est toute la différence. Si je pensais à perdre ce match, je ferais ma valise et je m'en irais. Cela ne me passe pas par la tête de perdre contre le Ghana."

LES EQUIPES PROBABLES

Brésil: Dida - Cafu (cap.), Lucio, Juan, Roberto Carlos - Emerson, Ze Roberto - Kaka, Ronaldinho - Ronaldo, Adriano

Ghana: Kingston - Pantsil, Mohamed, Mensah, Shilla - Appiah (cap.), Muntari, O. Addo, Boateng - Gyan, Amoah

Le rêve éveillé de Kaka



Le fait que Kaka parvienne à briller de mille feux dans une équipe brésilienne constellée d'étoiles en dit long sur le talent du Milanais.

A 24 ans, Kaka passe pour l'un des milieux offensifs les plus redoutables de la planète football. Il révèle dans une interview exclusive accordée à FIFAworldcup.com tout le plaisir qu'il a d'évoluer sur les terrains allemands.


"D'un point de vue personnel, je dois dire que je m'amuse énormément depuis le début de cette Coupe du Monde, assure-t-il. C'est comme un rêve pour moi." A la Coupe du Monde de la FIFA, Corée/Japon 2002, l'élégant Rossonero n'avait disputé qu'un seul match et n'avait donc joué qu'un rôle secondaire dans l'obtention du cinquième titre des Auriverdes. Cette année, Kaka est un des pions essentiels du dispositif de Carlos Alberto Parreira depuis le coup d'envoi. A l'image de son but victorieux lors de la difficile entrée en matière contre la Croatie, Kaka témoigne d'un enthousiasme presque enfantin à l'idée de (bien) jouer avec l'équipe du Brésil sur la plus grande scène du monde.

"Jouer dans le plus grand tournoi du monde avec le maillot auriverde sur le dos, c'est assurément l'un des plus beaux moments de ma vie, déclare-t-il. C'est vraiment la plus grande chose qui soit au monde et j'y prends énormément de plaisir." Face au Japon, Kaka faisait partie des cinq titulaires de base retenus par Parreira pour le dernier match de poule. Un match bien mal parti. Après le but marqué par Keiji Tamada à la 34ème minute, certains observateurs ont pensé que l'heure de la défaite avait sonné pour les tenants du titre.

Mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Finalement, le but de Tamada a servi de déclic... pour les Sud-américains, qui ont ensuite offert leur prestation la plus convaincante depuis le coup d'envoi de leur campagne. Ronaldo a égalisé à quelques secondes du repos, avant de sonner la charge lors d'une deuxième période émaillée de trois autres buts pour la Seleção.

Monter en puissance

"En fin de compte, ce match aura été idéal pour nous, déclare Kaka. On voit désormais que l'équipe progresse à chaque match. C'était le premier but qu'on encaissait. Revenir à la marque a vraiment été important. Nous sommes hyper-motivés pour les matches suivants. J'espère que nous allons continuer à monter en puissance." Pour leur prochain match, les favoris seront opposés au Ghana, seul rescapé du continent africain. Un Ghana qui a fait forte impression en battant les Etats-Unis et la République Tchèque, leur soufflant ainsi la qualification.
Même s'il ne doute pas que les Black Stars seront de redoutables adversaires, Kaka pense que le Brésil bénéficiera du fait que la quasi-totalité de son effectif (dont deux gardiens de but) ait déjà goûté à l'ambiance de la Coupe du Monde de la FIFA 2006 : "Faire tourner les joueurs ne peut être que profitable pour l'équipe et pour la suite de cette Coupe du Monde, assure-t-il. Les nouveaux venus alignés contre le Japon ont vraiment bien joué, c'était incroyable à voir. Mais nous avons toujours su ce dont ils étaient capables. Faire jouer tout le monde faisait partie du plan de Parreira. C'est excellent pour entretenir l'ambiance au sein du groupe à mesure que nous progressons."

On sait que le Brésil de Parreira ne manque pas d'atouts. Avant le coup d'envoi d'Allemagne 2006, on craignait cependant que le statut d'archi-favoris des tenants du titre ne mette une pression intolérable sur leurs épaules. Reprenant un éternel cliché du football, Kaka assure au contraire que les joueurs "prennent chaque match comme il vient. C'est vrai que les gens au Brésil attendent toujours des victoires de notre part. Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour leur offrir ce cadeau. Mais nous préférons ne pas rêver de ce trophée pour ne pas nous mettre une pression supplémentaire".

"Enfin, pour être tout à fait juste, nous ne pensons qu'à ça. Etre champions du monde et conserver le trophée. Mais il ne suffit pas de penser que nous sommes les meilleurs pour y parvenir. Il faut travailler et se battre pour s'améliorer à chaque match."

C'est précisément ce que le Brésil, emmené par son élégant et inventif milieu de terrain, est en train de faire.

Le Brésil au rendez-vous



Sans être convaincant, le Brésil a battu une généreuse équipe du Ghana (3-0). Auteur de son 15e but en Coupe du monde, Ronaldo disputera les quarts de finale avec la sélection auriverde. Les quintuples champions du monde attendent leur prochain adversaire qui sera l'Espagne ou la France...

BRESIL - GHANA : 3-0
Buts : Ronaldo (5e), Adriano (45e) et Zé Roberto (84e)

En Coupe du monde, le Brésil ne fait jamais de cadeaux aux équipes africaines. Le Zaïre en 1974, le Cameroun en 1994 et le Maroc en 1998 avaient eu le droit au tarif maison 3-0. Quatrième équipe africaine à affronter les Auriverde, le Ghana n'a pas fait mieux. Les Brésiliens auront tremblé par moment mais ils ont parfaitement géré ce match à l'expérience. L'habitude des grandes compétitions et le talent individuel aura une nouvelle fois fait la différence.

En l'absence de Michael Essien suspendu, les Black Stars ont cruellement manqué de lucidité dans le dernier geste. Ils se sont offerts de belles occasions mais ils ont été trop fébriles ou sont tombés sur un bon Dida. A l'image de Ronaldo, qui a battu le record de Gerd Müller, les Brésiliens montent eux en régime tranquillement. Malgré certaines largesses défensives, ils ont parfaitement joué le contre pour l'emporter et attendent désormais leur prochain adversaire.

Première mi-temps : Ronaldo frappe vite

Jouer le quintuple champion du monde n'est jamais facile. Pour une jeune équipe comme le Ghana, le risque d'être impressionné est grand. Dès le départ de la rencontre, les coéquipiers de Michael Essien vont en payer les frais. Inhibés par l'enjeu, les Black Stars commencent le match timidement. Mensah et ses coéquipiers de la défense jouent la ligne. Une tactique qui va vite être sanctionnée. Après un premier hors-jeu (1e), Ronaldo va rentrer dans l'histoire. Sur une belle passe en profondeur de Kaka, "Il Fenomeno" part seul avant de dribbler Kingston et de marquer dans le but. Il efface Gerd Müller des tablettes et met le Brésil sur la bonne voie (1-0, 5e).

Sonnés par ce but, les Ghanéens vont mettre quelques minutes à se remettre dans le bon sens. Après de nombreuses fautes, ils vont même passer tout près de la correctionnelle. Sur un nouveau ballon à la limite du hors-jeu, Adriano file au but avec Ronaldo mais l'attaquant de l'Inter oublie son compatriote et rate complètement son occasion (13e). Le K.O. n'a pas lieu et au fur et à mesure des minutes, le Ghana va revenir dans le match. Sous l'impulsion de Muntari, les Africains vont retrouver des couleurs.

A l'image de leurs premières rencontres, les Brésiliens souffrent. Les passes, les relais et les échanges courts deviennent ghanéens. Mais Amoah (24e, 28e) et Gyan (35e) manquent tous les deux de précision dans le dernier geste. Et après une superbe tête de Mensah arrêtée miraculeusement par Dida (42e), les stars brésiliennes vont encore faire la différence. Sur une contre-attaque parfaitement lancée par Lucio, Kaka offre un caviar pour Adriano, qui marque malgré un hors-jeu évident (2-0, 46e). Malmenés pendant une longue période, les Brésiliens retournent aux vestiaires avec un avantage confortable. Le réalisme auriverde a encore frappé.

Seconde période : Le Brésil gère



De retour sur la pelouse, les Brésiliens vont gérer sereinement leur avance. Les Black Stars tentent de plus en plus mais le quintuple champion du monde est bien en place et ne se met pas en danger. Les joueurs de Carlos Alberto Parreira vont même se créer une nouvelle grosse occasion gâchée par Roberto Carlos pourtant seul devant Kingston (54e). Et après une nouvelle frappe d'Asamoah captée par Dida (68e), l'exclusion de Gyan va encore compliquer la donne pour le Ghana (81e).

Profitant des trous dans la défense africaine, Ze Roberto vient offrir le traditionnel 3-0 sur une nouvelle passe en profondeur (85e). Ronaldo (88e), Cafu (90e) et Juan (92) ont l'occasion d'aggraver la marque mais ils tombent à chaque fois sur un grand Kingston, qui sauve les siens de la déroute. La Seleção aura parfaitement profité des erreurs d'alignement de la défense ghanéenne pour s'offrir son billet pour les quarts de finale.

L'HOMME DU MATCH : Ronaldo (Brésil)

Ronaldo est décidément hors norme. Critiqué pour sa prise de poids depuis le début de la Coupe du monde, l'attaquant du Brésil a répondu à ses détracteurs avec deux buts contre Japon (4-1). Face au Ghana, le Merengue a réalisé un match plein et a démontré la classe d'écart qui le sépare des autres attaquants. Avec ses prises de balles parfaites et son sens du but incomparable, il a mis son équipe sur les bons rails en faisant trembler les filets dès la 5e minute. Il inscrit son quinzième but en Coupe du monde, battant le record de 14 réalisations détenu par l'Allemand Gerd Muller.
Ronaldo, c'est énorme

LA DECLA : Carlos Alberto Parreira (sélectionneur du Brésil):

"Le score du match ne reflète pas la physionomie du match, cela n'a pas été si facile pour nous malgré le score. Et je pense que le Ghana aurait mérité de marquer un but, même si nous on aurait pu en marquer deux ou trois de plus en fin de match. Cette victoire est en tout cas très bonne pour la confiance, pour la suite de la compétition. J'ai toujours dit que les 8e et les quarts étaient des moments cruciaux. Je crois qu'on a une équipe pour passer les demi-finales et aller en finale. Cela va devenir de plus en plus dur, mais les joueurs vont tout donner."

Ronaldo incroyable... fait taire un bon nombre de ses detracteurs... 15 buts en coupe du monde, c'est magnifique...