8e: Suisse - Ukraine

Suisse-Ukraine (preview)

Faire partie des huit meilleures équipes du monde : voilà ce à quoi aspirent les sélections suisse et ukrainienne. Cologne abritera ce soir ce duel entre deux outsiders avides de reconnaissance...



Huitièmes de finale : Suisse-Ukraine (Cologne, lundi 26 juin à 21h)

Parmi les bonnes surprises du début de cette Coupe du Monde comment ne pas citer la Suisse ? Cette sélection qui jadis trimballait scrupuleusement un complexe d’infériorité et qui aujourd’hui n’a plus peur de personne. Cette ascension vers les sommets n’est pas le fruit du hasard. Ce serait leur faire injure que d’avancer cela. Depuis plus de quatre ans et l’arrivée aux commandes de Kobi Kuhn, cette sélection ne cesse de progresser, à son rythme, sans brûler les étapes. L’apprentissage s’est fait lors du dernier Euro, mais aujourd’hui il n’en est plus question. La France l’a appris à ses dépens. Arrivée en huitièmes de finale de la Coupe du Monde, la Suisse ne veut surtout pas s’arrêter en si bon chemin. Ce serait dommage, surtout pour une équipe qui est la seule à ne pas avoir encaissé de buts dans ce tournoi estival. Atteindre les quarts serait un grand accomplissement, mais pour cela il va falloir écarter l’Ukraine. La tâche s’annonce difficile, surtout en l’absence de Philippe Senderos, mais côté helvète l’optimisme est de rigueur.

Il est loin le temps où la discipline du football soviétique suscitait l’admiration du tout le continent. A la fin des années 70 et au début années 80, on n’avait d’yeux que pour ces joueurs venus du froid dont la rigueur tactique était d’une productivité flagrante. Cette période là est bien révolue. L’éclatement de l’URSS a laissé des traces sur les différentes nations dissolues. La Russie a essayé tant bien que mal de reprendre le flambeau mais n’a fait illusion que durant quelques années. L’Ukraine a, pour sa part, connu une décennie très prometteuse mais peu florissante. Néanmoins, les disciples de Lobanovski ont réussi, à force de persévérance, à s’affirmer sur la scène continentale. Leur qualification pour le Mondial allemand n’a été que la juste récompense de ce long travail. Et à l’image de leur ascension semée d’embûches, le parcours de Shevchenko et de ses coéquipiers n’est pas jusqu’à présent parfait. Le test suisse arrive à point nommé pour jauger de la véritable force de cette sélection, seule représentante de l’Europe de l’Est toujours en lice dans cette compétition.

Tête à tête

La Suisse et l’Ukraine s’affronteront pour la première fois de leur histoire ce soir à Cologne.

Côté suisse

La Suisse prend part à la Coupe du Monde pour la huitième fois. Elle avait atteint le stade des quarts de finale en 1934, 1938 et 1954, mais a été sortie par l’Espagne lors du second tour à l’occasion de sa dernière participation il y a douze ans. Les Helvètes, qui sont invaincus en sept matches internationaux cette année, ont gardé leurs cages inviolées durant les trois matches de poule durant ce Mondial et se sont joints ainsi au club très fermé des sélections n’ayant encaissé aucun but lors du premier tour d’une des éditions de cette compétition. La dernière nation à avoir réussi cette performance est l’Argentine en 1998. Si Philipp et David Degen sont alignés en même temps ils deviendront les cinquièmes jumeaux à avoir disputé ensemble un match de Coupe du Monde. Les autres sont : René and Willy van de Kerkhof (Pays-Bas), Ibrahim Hassan et Hossam Hassan (Egypte), Frank et Ronald de Boer (Pays-Bas), Michal et Marcin Zewlakow (Pologne). Johann Vogel est le plus capé des joueurs suisses avec pas moins de 88 matches internationaux à son actif. Le milieu de terrain du Milan AC est le quatrième dans la liste des helvètes ayant disputé le plus de matches sous le maillot national. Alexander Freï est, avec ses 27 réalisations, le meilleur buteur de l’équipe actuelle et le cinquième de tous les temps. Tranquillo Barnetta, Philipp Degen, Johann Vogel et Pascal Zuberbuhler n’ont pour l’instant raté aucune minute des trois matches disputés par leur sélection en Allemagne.

Côté ukrainien

L’Ukraine est devenue la deuxième sélection novice dans cette Coupe du Monde à survivre à la phase de poule avec le Ghana. L’ancienne république soviétique n’a concédé aucun but lors de sept des huit matches disputés cette année. Sa différence de buts est de 15-4, les quatre buts ayant tous été encaissés devant l’Espagne lors de ses débuts en Mondial. Vyacheslav Sviderski et Andri Rusol sont suspendus pour ce match. Oleksandr Shovkovski, Andri Rusol, Andri Nesmachni et Anatoli Timoshchuk sont les seuls éléments de l’équipe ukrainienne à avoir pris part intégralement aux trois matches du premier tour. Le penalty transformé de Shevchenko face à la Tunisie a été sa 31ème réalisation en 61 sélections. Il est déjà le meilleur buteur de l’histoire du football ukrainien.

Infos diverses

Johann Vogel (Suisse) et Andriy Shevchenko (Ukraine) sont coéquipiers au Milan AC mais seront adversaires ce soir à l’occasion de ce match. Il en est de même pour Andri Voronin (Ukraine) et Tranquillo Barnetta (Suisse) qui évoluent ensemble au Bayer Leverkusen.

Équipes probables

Suisse : Pascal Zuberbuehler; Ludovic Magnin, Johann Djourou, Patrick Mueller, Philipp Degen; Raphael Wicky, Johann Vogel, Ricardo Cabanas, Hakan Yakin, Tranquillo Barnetta; Alex Frei.

Ukraine : Oleksander Shovkovsky; Volodymir Yezersky, Vladislav Vashchyuk, Andriy Nesmachny; Oleg Gusev, Anatoly Tymoshchyuk, Oleg Shelayev, Maxim Kalinichenko, Serhiy Rebrov; Andriy Shevchenko, Andriy Voronin.

Arbitre: Benito Archundia (Mexique)

L'Ukraine au paradis



L'Ukraine s'est qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde 2006 aux dépens de la Suisse (0-0, 3 tab à 0). Une victoire acquise au terme d'un match des plus fermés. Au prochain tour, les hommes d'Oleg Blokhine affronteront la Squadra Azzurra.

SUISSE - UKRAINE : 0-0 (0 tab à 3)

Annoncé comme le huitième le plus ouvert, le match Suisse-Ukraine s'est refermé comme une huitre dès les premières minutes. Après 120 minutes d'ennui où les occasions se sont comptées sur les doigts d'une main, les tirs au but, les premiers de cette Coupe du monde, sont venus logiquement mettre fin au calvaire des spectateurs. Et comme souvent dans ces cas-là, c'est un gardien de but qui devient le héros du match. Olegsondr Shovchovskyi offre à l'Ukraine une qualification inespérée en quart de finale grâce à deux arrêts. La Suisse, elle, quitte l'Allemagne sans avoir encaissé le moindre but. Une statistique qui ne consolera pas la Nati.

Première période: Tout le monde touche du bois

Il fallait s'y attendre. La Suisse et l'Ukraine aiment jouer en contre. Dès le début de la partie, les deux équipes font comprendre aux spectateurs qu'ils n'auront pas grand chose à se mettre sous la dent. Les Ukrainiens, sans doute échaudés par leur claque de début de mondial face à l'Espagne (4-0), mais aussi minés par les nombreuses absences dans la défense, ne prennent pas de risque. Les Suisses sont donc obligés de prendre le jeu à leur compte. Wicky tente sa chance en premier d'un tir de 20 mètres et oblige Shovchovskyi à se détendre (13e). Les deux équipes, tendues par l'enjeu, ont du mal à se découvrir.

La première alerte intervient donc logiquement sur coup de pied arrêté. Sur un coup franc venu de la gauche, Shevchenko place une tête plongeante et piquée que la barre de Zuberbühler renvoie (20e). La Suisse va répondre dans la minute par Alexander Frei. De 25 mètres, l'attaquant de Rennes trouve la transversale de Shovchovskyi (21e). Et puis, c'est le vide. Jusqu'à la pause. Rien de transcendant, à peine quelques débordements sans conséquence. Seul "évènement", le remplacement dans l'équipe suisse du défenseur central Johann Djourou par l'expérimenté Stéphane Grichting (33e).

Seconde période: Rien à signaler...



Au retour des vestiaires, les Ukrainiens reviennent avec un peu plus d'entrain. Juste le temps que Voronin place une tête de peu à côté (48e). Car le bloc suisse est bien regroupé et il n'y a rien d'étonnant à ce que la Nati ait la meilleure défense de cette Coupe du monde. Shevtchenko tente un tir lointain mais ne cadre pas (68e). Capable du meilleur comme du pire depuis le début de l'épreuve, l'Ukraine montre cette fois son moins bon visage. A l'image de Goussev qui ne cadre pas non plus sa tête (75e), les hommes de Blokhine ont du mal à inquiéter Zuberbühler. Deux tirs cadrés au total sur neuf, c'est bien peu pour espérer ouvrir le score.

Les Suisses ne font pas mieux avec cinq tentatives cadrées sur une douzaine de tirs. Les Helvètes ne parviennent même pas à se créer la moindre petite occasion de but dans cette seconde période. Tranquillo Barnetta et Johann Vogel ont beau s'activer, et Kuhn faire entrer Streller à la place de Yakin, rien n'y fait. Le public du RheinEnergie stadion de Cologne gronde devant le piètre spectacle offert par deux équipes qui n'attendent qu'une seule chose, les prolongations. Elle les auront.

Prolongation

La Suisse retrouve finalement un second souffle. Barnetta trouve Frei dans la surface mais l'attaquant rennais n'arrive pas à se mettre en position de tir (96e). Quelques minutes plus tard, Vogel, lui, parvient à armer sa frappe mais Shovchovskyi sort le grand jeu (101e). La seconde prolongation permet aux deux entraîneurs d'effectuer leurs derniers changements en vue des tirs au but. Etonnement Frei est remplacé par Lustrinelli. Voronin cède sa place à Milevskyi côté ukrainien.

Bonne pioche de Blokhine puisque le vice-champion d'Europe Espoirs est le premier à marquer son penalty juste derrière des ratés de Shevchenko et de Streller. Barnetta, pourtant auteur d'un bon match trouve la barre de Shovchovskyi. L'expérimenté Rebrov se charge d'inscrire le tir du 2-0 avant que Cabanas ne bute lui aussi sur le gardien ukrainien. Trois tentatives suisses, trois échecs. Goussev n'a plus qu'à marquer pour envoyer l'Ukraine au paradis. Il ne tremblera pas...

L'HOMME DU MATCH: Olegsondr Shovchovskyi (Ukraine):



Evidemment, en arrêtant deux tirs au but, Olegsondr Shovchovskyi a qualifié son équipe, ce qui suffit à lui attribuer cette distinction. Mais le gardien du Dynamo de Kiev, pas toujours rassurant sur ses sorties aériennes, a aussi exécuté deux arrêts importants. Le premier devant Wicky à la 13e puis un autre devant Vogel à la 101e. Et comme il faut toujours un peu de chance, sa barre transversale l'a aidé par deux fois. Sur le coup franc de Frei (21e) et sur le penalty de Barnetta. La belle histoire, c'est que le portier de 31 ans revient de loin. Il s'était brisé une clavicule en amical en janvier avant de revenir sur les terrains à la mi-avril.

LA DECLA: Andrei Shevchenko (Ukraine): "C'est un grand jour pour l'équipe et pour l'Ukraine. Je suis très heureux pour le peuple ukrainien. Nous avons montré beaucoup de coeur et il y avait sur le terrain des joueurs qui ont réussi une performance héroïque (...) Notre gardien a été brillant. Contre l'Italie, cela sera un très grand match. Ils appartiennent aux grands de ce Mondial. L'Italie sera évidemment favorite mais je suis sûr que si nous donnons tout, nous pouvons les battre".