Quart: Italie - Ukraine

Italie-Ukraine (preview)

Pas la peine d’être un génie pour trouver l’invité surprise dans le tableau des quarts du Mondial allemand. L’Ukraine au palmarès vierge est opposée ce soir à l’Italie au vécu richissime. Un duel en apparence très déséquilibré. En apparence ?

Quart de finale : Italie-Ukraine (Hambourg, vendredi 30 juin à 21h)



Quelle mouche a piqué la Squadra ? C’est la question qui est sur les lèvres de tous les journalistes transalpins. Après des débuts forts prometteurs contre le Ghana, elle n’a jamais pu les confirmer ensuite. Malgré l’obtention de la première place dans son groupe et une victoire obtenue à l’arrachée face à l’Australie, la formation azzurra peine à être aussi convaincante qu’elle ne l’a été face aux Black Stars. Cependant, malgré un brin d’appréhension, aucun tifoso ne doute de l’issue de la rencontre de ce soir face à Schevchenko et sa bande. En aucun cas, l’Ukraine ne devrait être un obstacle. Il faut admettre, que personne de l’autre côté des Alpes n’imagine l’équipe de Lippi s’incliner face à une nation complètement néophyte sur la scène mondiale. Un tel couac ferait désordre et ne servirait qu’à enfoncer un football italien déjà au bord du gouffre. Pour ce qui est de l’équipe qui devrait se présenter tout à l’heure à Hambourg, Nesta n’y figurera pas. Materazzi non plus. Le sélectionneur devrait titulariser Andrea Barzagli. Un défenseur de Palerme que peu connaissent, mais qui, aux côtés, de Cannavaro devrait parfaitement pouvoir tenir la baraque. Au milieu, Totti devrait reprendre sa place. Il sera chargé d’un rôle un peu plus offensif que d’habitude puisqu’il évoluera juste en dessous du duo d’attaque formé de Gilardino et de Toni.

Annoncée comme outsider avant le début du tournoi estival, la sélection ukrainienne a confirmé tout le bien qu’on pensait d’elle en se hissant au stade des quarts de finale. Pour un coup d’essai ce fut un coupe de maître. Les hommes de Blokhine n’en sont qu’à leur première participation et pourtant ils évoluent sans aucun complexe. Preuve que désormais ils ne se fixent plus de limites, ils comptent bien poursuivre leur aventure sur les terres allemandes le plus longtemps possible. D’autres auraient été contents d’avoir atteint ce cap, eux, veulent désormais faire tomber les triples champions du monde. En ont-ils moyens ? En toute objectivité répondre par l’affirmative parait être un peu exagéré. Néanmoins, le football n’est pas une science exacte même s’il est vrai que jusqu’à présent ce Mondial a été propice aux attentes, contrairement à celui d’il y quatre ans qui a marqué le nivellement des petites nations. Pour en revenir à cette équipe ukrainienne, il faut savoir que, même si elle dispute son premier tournoi majeur de son histoire, il lui est déjà arrivée de se frotter aux plus grandes équipes du continent. Contre l’Italie, elle n’aura aucune raison de se présenter en victime expiatoire. Bien que privée de Voronine, elle peut inquiéter, voir même faire tomber la Squadra si elle fait preuve de générosité dans son jeu. Si elle y parvient, les espoirs les plus fous lui seront alors permis.

Tête à tête

Il y a eu trois précédents entre l’Italie et l’Ukraine. Les Italiens sont invaincus avec deux victoires et un nul. Le score de parité (0-0) est survenu il y a quelques semaines seulement lors de l’affrontement en match de préparation de ce Mondial, le 2 juin dernier. Les deux autres rencontres entre les deux sélections datent des éliminatoires du Championnat d’Europe 1996. La Squadra s’est imposée 3-1 en Ukraine et 2-0 à domicile.

Côté italien

L’Italie ne s’est plus qualifiée pour une demi-finale de Coupe du Monde depuis 1994. En 2002, elle a été éliminée par la Corée du Sud en huitièmes de finale sur un but en or, et en 1998 par la France en quarts de finale aux tirs au but. La dernière fois qu’elle s’est faite sortit d’un Mondial au terme d’un match n’ayant pas duré plus de 90 minutes c’était en 1986 par la France (2-0). Depuis cette édition là, les transalpins se sont faits sortir trois fois aux tirs au but et une fois lors de la prolongation. La Squadra Azzurra est invaincue sur la scène internationale depuis 22 matches, sa plus longue série de matches sans défaite depuis 1939. Lors de cette Coupe du Monde, elle n’a concédé qu’un seul but. Un but qui plus est, inscrit contre son camp par Cristiano Zaccardo. Marco Materazzi et Daniele de Rossi sont suspendus pour ce match. Fabio Grosso, Gianluca Zambrotta et Gennaro Gattuso manqueront une probable demi-finale s’ils se font avertir aujourd’hui. Andrea Pirlo, Gianluigi Buffon, Fabio Cannavaro et Simone Perrotta sont les seuls joueurs transalpins à avoir intégralement pris part aux quatre précédentes rencontres de leur équipe lors de ce Mondial.

Côté ukrainien

L’Ukraine a atteint le stade des quarts de finale pour sa première participation en Coupe du Monde. Elle n’a encaissé aucun but lors de ses trois derniers matches. D’ailleurs, elle a gardé ses cages inviolées lors de huit des neuf rencontrées qu’elle a disputé cette année. L’Ukraine est devenue la troisième nation seulement à avoir atteint les quarts de finale d’un Mondial après avoir pourtant perdu l’un de ses matches de poules par un écart d’au moins quatre buts. En 1954, la RFA avait remporté le trophée mondial après avoir concédé un large revers de huit buts à trois face à la Hongrie et en 1990, le Cameroun avait atteint les quarts malgré le fait qu'il ait perdu 4-0 contre l’URSS lors du premier tour. Avec 31 buts en 68 sélections, Schevchenko, est le meilleur buteur de cette équipe. Il est aussi le seul ukrainien à avoir marqué plus d’un but en Coupe du Monde. Oleksandr Shovkovski, Andri Nesmachni et Anatoli Timoshchuk n’ont manqué aucune minute des matches disputés par leur sélection en Allemagne.

Infos diverses

Schevchenko affrontera aujourd’hui ses anciens coéquipiers du Milan AC : Gennaro Gattuso, Andrea Pirlo, Alberto Gilardino et Filippo Inzaghi. Alessandro Nesta ratera ses retrouvailles en raison d’une blessure.

Équipes probables

Italie : Buffon, Zambrotta, Cannavaro, Barzagli, Grosso, Perrotta, Pirlo, Gattuso, Totti, Toni, Gilardino.

Ukraine : Shovkovskiy, Nesmachniy, Rusol, Sviderskiy, Tymoschuk, Shelayev, Gusev, Rebrov, Kalinichenko, Vorobey, Shevchenko.

Impitoyable Italie



Très réaliste, l'Italie s'est qualifiée pour les demi-finales en écrasant l'Ukraine au terme d'une partie pourtant très équilibrée (3-0). Zambrotta a ouvert la marque d'entrée avant que Toni, muet jusque-là, n'inscrive un doublé pour conclure le match. La Squadra Azzurra affrontera donc l'Allemagne.

ITALIE-UKRAINE: 3-0

Buts: Zambrotta (6e), Toni (59e, 69e)

Le même refrain, inlassablement. "À l'italienne". Souvent dominée, parfois au bord de la rupture, la Squadra Azzurra sait tenir le choc. Et ne pas gâcher ses opportunités. Face à l'inexpérimentée formation ukrainienne, le savoir-faire transalpin a encore fait des merveilles. Ce soir, Totti et consorts n'ont pas attendu les ultimes secondes du match et un pénalty providentiel. Ils ont utilisé le "plan B": marquer rapidement et défendre avec acharnement. Cela a payé. L'Italie n'a pas frappé autant que son adversaire, mais a su viser juste.

Première période: Un but et on ferme boutique

Bien décidée à ne pas faire naitre une polémique identique à celle qui a suivi son huitième de finale face à l'Australie, la formation de Marcello Lippi démarre la rencontre pied au plancher. Titulaire intérimaire au milieu de terrain, Camoranesi veut prouver qu'il a sa place et se joue de l'axe ukrainien: sa frappe puissante finit à quelques centimètres du poteau droit de Shovkovskyi (4e). Fébriles pour le premier quart de finale de leur histoire, les coéquipiers d'Andreï Shevchenko ne prennent pas note de l'avertissement adressé par le Turinois. À tort. Zambrotta, un autre joueur de la Juventus, transperce lui aussi le bloc jaune et revient au centre pour envoyer un tir tendu au fond des filets de Shovkovskyi, qui n'a pas les poings assez fermes (1-0, 6e).

Cette ouverture du score précoce aurait pu lancer ce second quart de finale. Il n'en est rien. Forte de son avantage et d'une défense de fer (qui n'a pris qu'un but, contre son camp), la Squadra Azzurra se contente de gérer. Cela demeure suffisant face à des Ukrainiens qui ne parviennent pas à rentrer dans le match. Très attendu, Shevchenko ne se montre pas à son aise face à ses ex-coéquipiers milanais et réalise une prestation assez terne, dans la lignée de son début de Mondial. Sans le vrai "Super Sheva", ni Voronine (blessé), l'Ukraine éprouve les pires difficultés à prendre à défaut Cannavaro et ses compères. La seule alerte intervient finalement à l'approche du repos, lorsque Shevchenko se met enfin en bonne position de frappe: légèrement déviée, sa tentative n'est pas loin de prendre Buffon à contre-pied. Mais le gardien turinois peut capter le cuir et préserver l'avantage (41e).

Seconde période: Le réveil de Toni



Au retour des vestiaires, le scénario s'avère identique. L'Italie met la pression d'entrée, par l'intermédiaire de Toni, dont le tir à ras de terre finit dans le petit filet extérieur de Shovkovskyi (46e). Cette alerte a le mérite de réveiller les Ukrainiens et donc de relancer la partie. Les troupes d'Oleg Blokhine accélèrent le jeu et sont tout proches de forcer les Transalpins à marquer une nouvelle fois contre leur camp mais le ballon finit à côté alors que Buffon était battu (49e). Dans la foulée, le gardien italien exécute une parade superbe en écartant la tête de Gusin, esseulé au second poteau (50e). Le match s'emballe pendant plusieurs minutes. Alors que Grosso ne profite pas du coup franc de Pirlo (56e), les Ukrainiens donnent une autre sueur froide à l'arrière-garde transalpine: Gusev puis Gusin frappent à bout portant mais Buffon se couche bien avant d'être suppléé par Zambrotta devant la ligne (58e).

C'est le tournant de la rencontre. Car dans la minute suivante, l'une des rares offensives italiennes va payer. Les transalpins obtiennent un corner côté gauche, joué en deux temps: le centre de Totti ne peut être repris par Cannavaro, mais Toni a suivi: de la tête, il ouvre son compteur but et réalise le break (2-0, 59e). Les Ukrainiens vont éprouver des difficultés à s'en remettre, d'aucun que la chance leur tourne le dos. Gusin jaillit encore au second poteau pour placer sa tête, lober Buffon, mais ne trouver que la transversale (62e). Les coéquipiers de Shevchenko n'y croient plus vraiment.

Le bloc italien reste concentré et bien en place, renforcé un peu plus par le coaching défensif de Marcello Lippi, qui fait tourner son effectif. Pirlo et Camoranesi peuvent se reposer et assister du banc au doublé de Toni. L'attaquant de la Fiorentina profite d'un travail exceptionnel de Zambrotta, qui élimine deux défenseurs avant de lui offrir un caviar (3-0, 69e). Les dés sont jetés. Ni Shevchenko, d'un coup franc puissant, ni Belik de la tête ne parviennent à sauver l'honneur, Buffon restant impérial (79e, 86e).

Dans la ligne de mire de la Squadra Azzurra apparaît maintenant l'Allemagne. L'autre formation "qui gagne toujours à la fin" aura le public de son côté. Mais pas l'histoire. Par deux fois, Allemands et Italiens se sont rencontrés lors du second tour de la Coupe du Monde, lors des demi-finales en 1970 et lors de la finale, en 1982. À chaque fois, les Transalpins se sont imposés. Jamais deux sans trois?

L'HOMME DU MATCH: Gianluca Zmabrotta (Italie)



De loin, le joueur-clé de la rencontre. Indispensable défensivement, impeccable offensivement. Buteur d'emblée avec un tir puissant de son mauvais pied, le latéral de la Juventus a placé l'Italie sur la bonne voie. Il a ensuite empêché l'Ukraine d'égaliser en écartant une frappe de Gusin devant sa ligne. Pas avare d'efforts, il a une nouvelle fois fait la différence devant pour offrir le troisième but à Toni.

LA DECLA: Marcello Lippi (sélectionneur de l'Italie):

"Quelle joie d'être dans le dernier carré du Mondial, mais il ne faut pas croire que cela soit une fin en soi. Dans le vestiaire, je vais le dire aux joueurs pour qu'ils ne croient pas que nous sommes arrivés au bout de nos ambitions. Il faudra continuer avec coeur et enthousiasme. Il est encore trop tôt pour parler de l'Allemagne, on va d'abord suivre France-Brésil et Portugal-Angleterre samedi et puis on verra. Enfin, on a retrouvé un grand Luca Toni".