Quart: Allemagne - Argentine

Allemagne-Argentine (preview)




Quand deux des plus grandes nations du football s’affrontent en quarts de finale de la Coupe du Monde, le spectacle ne peut être qu'au rendez-vous. Berlin a la chance d’abriter cet après-midi ce choc exceptionnel entre allemand et argentins.

Quart de finale : Allemagne-Argentine (Berlin, vendredi 30 juillet à 17h)

Nombreux ont été ceux qui s’interrogeaient sur la capacité de la Mannschaft à être à la hauteur de ce Mondial. Après avoir traversé les critiques et les luttes intestines pendant plusieurs années, elle a démontré qu’elle demeure une vraie compétitrice et que, poussée par ses fervents supporters, elle ne pouvait que bien figurer. Avoir atteint le cap des quarts de finale est déjà un grand accomplissement pour Klinsmann et ses protégés si l’on se fie à leurs sorties médiocres lors des matches de préparation, mais aujourd’hui personne Outre-Rhin ne veut les imaginer échouer dans la conquête de leur quatrième Graal. Tout est réuni pour qu’ils aillent au bout de leur rêve, à savoir monter sur le toit du monde le 9 juillet prochain. Bien sûr, les souhaits et les ambitions ne sont pas toujours en conformité avec la réalité des faits. Aujourd’hui, on aura l’occasion de vraiment voir ce que vaut cette équipe allemande. Face à un adversaire comme l’Argentine, elle devra se hisser à un niveau qu’elle n’a pour l’instant pas encore atteint malgré ses quatre victoires en autant de matches. Les plus expérimentés des joueurs allemands, à l’instar de Ballack et Klose, montreront très certainement la voie à suivre à leurs jeunes coéquipiers, pas vraiment habitués à de pareilles joutes. Par ailleurs, si par malheur, ils venaient à douter en leurs capacités ils auront 80000 personnes derrière pour eux pour les remettre sur pied. Ce genre d’apport est très souvent prépondérant. Les Bleus en savent quelque chose. Aucun absent n’est à déplorer dans le camp de la Mannschaft et c’est un point positif de plus pour Klinsmann, pour qui l’heure de vérité sonnera aujourd’hui.

Le couac asiatique de 2002 n’a été digéré par aucun des argentins. Seul un triomphe cette année pourrait faire oublier au peuple sud-américain les râteaux successifs essuyés depuis presque deux décennies. Il y a quatre ans au Japon, les Albiceleste n’avaient jamais paru aussi forts, individuellement parlant, et cela ne les a pas empêché pourtant de complètement manquer leur sortie mondiale. Au moment d’embarquer pour l’Allemagne, on craignait que la malédiction ne ressurgisse à nouveau sur les doubles champions du monde tellement, sur le papier, cette équipe faisait figure de forteresse. N’en déplaise à ceux qui les avaient trop vite enterré, les argentins ont prouvé depuis trois semaines qu’ils étaient toujours aussi talentueux et qu’après avoir traversé un passage à vide ils comptaient bien se refaire de la meilleure des manières cette année. Vous l’aurez deviné, le match d’aujourd’hui n’est dans l’esprit des joueurs Pekerman qu’une étape sur le chemin censé les mener à la réconciliation avec la plus prestigieuse des compétitions. Riquelme et ses coéquipiers se sont faits peur contre le Mexique mais cela a permis de les secouer quelque peu après l’état d’euphorie dans lequel ils avaient succombé suite au festival offensif contre la Serbie Monténégro. Face aux allemands, ils espèrent s’éviter des sueurs froides surtout qu’ils pourront compter sur le revenant Lucho Gonzalez.

Tête à tête

L’Allemagne et l’Argentine se sont déjà affrontées seize fois par le passé. Les allemands ont gagné cinq fois et les argentins sept. Quatre matches se sont soldés sur un score nul. Les deux nations se sont rencontrées à quatre reprises en Coupe du Monde. Deux de leurs affrontements dans ce tournoi ont d’ailleurs eu lieu en finale : en 1986 et 1990. La dernière opposition entre la Mannschaft et les Albiceleste remonte à la Coupe des Confédérations 2005. Le résultat a été de deux buts partout. Les réalisations des européens ont été l’œuvre de Kuranyi et d’Asamoah, celles des sud-américains ont été signées par Riquelme et Cambiasso.

Côté allemand

Lors de ses 16 participations aux phases finales du Mondial, l’Allemagne a atteint la finale à sept reprises et a été sacrée championne en 1954, 1974 et 1990. Depuis son premier succès en 1954, elle n’a été éliminée avant les demi-finales que trois fois, à chaque fois par des équipes de l’Europe de l’Est (1962, 1994 et 1998). L’Allemagne a gagné sept de ses huit derniers matches, dont quatre durant ce tournoi. Elle a, en outre, gardé ses cages inviolées durant ces trois dernières sorties. Son record est de cinq rencontres sans but encaissé (entre 1954 et 1962). Torsten Frings manquera une éventuelle demi-finale s’il venait à être averti face à l’Argentine. Miroslav Klose est en ce moment à neuf buts en Coupe du Monde. Plus qu’un but et il deviendra le 12ème joueur à avoir marqué dix buts ou plus dans le tournoi suprême. Gerd Muller (14), Juergen Klinslmann (11) et Helmut Rahn (10) sont les autres allemands à faire partie de ce club très fermé.

Côté argentin

Le meilleur résultat de l’Argentine en Coupe du Monde c’est bien sûr ses consécrations en 1978 et 1986. Elle a été sortie en quarts de finale à deux occasions (1966 et 1998). La sélection albiceleste est invaincue depuis 5 matches en Coupe du Monde. Elle n’est qu’à deux longueurs de son record en la matière, établi lors de l’épopée victorieuse de 1986. Gabriel Heinze et Juan Pablo Sorin sont sous la menace d’une suspension puisqu’ils ont écopé d’un carton jaune lors du précédent match contre le Mexique. Hernan Crespo a marqué un but à chacune de ses quatre dernières rencontres de Coupe du Monde et est le seul durant cette édition de 2006 à avoir marqué dans trois rencontres différentes. Le vice-capitaine Roberto Ayala a fêté face aux Aztèques sa 104ème cape. Désormais, il n’est plus qu’à deux unités du recordman argentin des sélections, Diego Simeone.

Infos diverses

Les hôtes d’un Mondial ont remporté le trophée six fois sur les 17 possibles. L’Allemagne avait déjà organisé le tournoi suprême en 1974, et elle l’avait gagné en venant à bout de la Hollande en finale. Le défenseur allemand Aarne Friedrich porte les couleurs du Hertha Berlin. Aujourd’hui, il évoluera dans l’Olympiastadion de Berlin, qui lui est donc très familière.

Équipes probables

Allemagne : Lehmann, Friedrich, Metzelder, Mertsacker, Lahm, Schneider, Frings, Ballack, Schweinsteiger, Podolski, Klose

Argentine : Abbondanzieri, Cufre, Ayala, Heinze, Sorin, Gonzalez, Mascherano, Riquelme, Rodriguez, Saviola, Crespo.

Arbitre : Lubos Michel (Slovaquie)

L'Allemagne prolonge le rêve



A l'issue d'un match tendu et longtemps dominé par les Argentins, l'Allemagne est parvenue à l'emporter aux tirs au but (1-1, 4 tab à 2). La Nationalmannschaft peut remercier Jens Lehmann, qui a stoppé deux tentatives sud-américaines, et poursuit sa route vers le titre suprême.

ALLEMAGNE - ARGENTINE : 1-1 (4 tab à 2)
Buts : Klose (80e) pour l'Allemagne, Ayala (49e) pour l'Argentine



Uwe Stielike est toujours seul. Au Panthéon des joueurs allemands ayant manqué un tir au but, l'ancien de la Mannschaft trône toujours tout en haut. Et, aujourd'hui, en est certainement très heureux puisque l'Allemagne version 2006 s'est qualifiée pour les demi-finales de sa Coupe du monde à l'issue de la séance des tirs au but (1-1, 4 tab à 2). Si Neuville, Ballack, Podolski et Borowski n'ont pas tremblé, Ayala et Cambiasso sont tombés sur Jens Lehmann. Une déception immense pour les Argentins. D'autant que longtemps dominateurs, les Sud-Américains auraient pu se mettre à l'abri et donner à l'égalisation de Klose un caractère tout anecdotique. Il en fut autrement. C'est bien connu, les Allemands gagnent toujours à la fin.

Première période : L'Allemagne surpassée

Pour la première fois depuis le début du Mondial, la jeune Allemagne semble tendue. Conscients de l'enjeu et face à une Argentine plus expérimentée, les joueurs de Jürgen Klinsmann sont pris dans l'étau. Le stress se traduit par des fautes et un premier carton jaune pour Lukas Podolski (3e). L'attaquant est aussi l'auteur de la toute première frappe du match sur coup franc. Sans danger apparent, son tir donne pourtant quelques sueurs froides à Abbondanzieri (7e).

L'Albiceleste ne se crée aucune occasion mais la toile est tissée. Jeu court, jeu long, les hommes de José Pekerman, avec Carlos Tevez en lieu et place de Javier Saviola, alternent à merveille et Juan Pablo Sorin est plus ailier gauche que latéral. Son alter ego allemand Philipp Lahm est bien moins offensif qu'à l'accoutumée et le côte gauche, point fort des triples champions du monde, en pâtit. Du coup, c'est du flanc de Bernd Schneider que vient le danger. Et c'est sur l'un de ses centres que Michael Ballack place une tête dangereuse. Mais non cadrée (16e).

Le capitaine tente d'appeler à la révolte mais ses jeunes partenaires semblent parfois se cacher. Les Sud-Américains eux ne se cachent pas et tiennent le ballon 65% du temps. Mais n'inquiètent pas Jens Lehmann. En quarante-cinq minutes, pas une frappe. Seuls quelques mouvements comme cette ouverture de Riquelme à direction de Tevez, finalement coupée par Lahm (33e), viennent perturber le quatuor défensif de la Mannschaft. Pourtant, dès que le jeu s'accélère, le danger est là.

Seconde période : Klose ce sauveur

Au retour des vestiaires, les Argentins calquent leur entame sur celle du début de la rencontre. Si Sorin écope d'un carton jaune le privant d'une éventuelle demi-finale (46e), le capitaine de l'Albiceleste va rapidement oublier ce coup du sort. Sur un corner de Riquelme, il voit Roberto Ayala passer devant Miroslav Klose et battre Jens Lehmann d'un coup de tête imparable (0-1, 49e). Pour la première fois du tournoi, l'Allemagne est menée au score. Logiquement. Dos au mur et encouragés par un stade Olympique assourdissant, les Allemands ne parviennent pas à se lâcher. Klose-Podolski ne sont pas alimentés. Mais l'Argentine recule. Un tort.

Dans un premier temps, les doubles champions du monde n'ont aucun problème à contenir les offensives allemandes. Seul souci, Abbondanzieri se blesse sur une sortie aérienne improbable et doit laisser sa place à Leo Franco (72e). Son premier ballon sur une frappe de l'entrant Tim Borowski, le remplaçant le capte avec difficulté (77e). Le deuxième, le portier le verra entrer dans son but malgré un plongeon désespéré. Sur un centre de Ballack, Borowski remet du crâne vers l'inévitable Miroslav Klose. D'une tête ajustée, le meilleur buteur du Mondial égalise (1-1, 80e). Fatigué, l'homme aux dix réalisations en Coupe du monde (5 en 2006) peut laisser sa place. Et suivre la prolongation du banc de touche.

Prolongation : Plus rien dans les chaussettes

Quand Lubos Michel siffle le coup d'envoi de trente minutes de rab, les vingt-deux acteurs n'ont plus grand chose dans les chaussettes. A l'image d'un Michael Ballack exténué et qui laissera ses partenaires durant quelques minutes, les joueurs sont dans le dur. Et mis à part un centre-tir involontaire de Coloccini qui va s'écraser sur le haut de la barre transversale de Jens Lehmann (115e), il n'y a pas grand chose à signaler.

Peu inspiré sur ce coup, le portier de la Nationalmannschaft le sera beaucoup plus lors de la séance des tirs au but. Comme ses prédécesseurs Harald Schumacher et Bodo Illgner, Jens Lehmann s'inscrit dans la lignée des sauveurs de la nation en repoussant deux frappes. Héros du jour, le Gunner a peut-être fait gagner plus qu'un simple match à ses jeunes coéquipiers. En plus de deux heures de présence sur la pelouse de Berlin, Lahm, Podolski et compagnie ont pris quelques mois de bouteille...

L'HOMME DU MATCH : Jens Lehmann (Allemagne)

S'il a pris un but sur la première frappe cadrée des Argentins, Jens Lehmann n'a pas démérité sur l'ensemble du match et est devenu héroïque lors de la séance des tirs au but. Du haut de ses bientôt 37 ans, le Gunner a stoppé deux tentatives argentines, celles de Roberto Ayala et Esteban Cambiasso. Deux mois après avoir mis en échec Riquelme en Ligue des Champions, le gardien allemand se positionne en bourreau officiel des joueurs argentins.

LA DECLA : Miroslav Klose (Allemagne)



"Cela a été très dur, nous n'avions pas beaucoup de soutien du milieu de terrain et nous n'avons pas eu beaucoup d'espace. Cela a mieux fonctionné en seconde période. Nous sommes peut-être un peu chanceux dans la séance des tirs au but mais le match a été un sommet. Je me suis fait mal sur le choc avec le gardien adverse et j'ai eu ensuite une crampe au mollet. Cela ne servait à rien de vouloir continuer à jouer et j'ai été remplacé".